L’Invisibilité
Parce que les lesbiennes âgées appartiennent à une génération où l’homosexualité était sujette à la discrimination, celles-ci se sont habituées à dissimuler leur orientation sexuelle à leur entourage (Chamberland & Petit, 2010). Elles ont ainsi employé plusieurs stratégies afin de ne pas être identifiées comme lesbienne, comme adopter un style féminin afin de correspondre davantage aux «critères hétérosexuels» ou faire passer un ami pour son conjoint (Pacom, 1998). Sans compter qu’en plus de devoir composer avec la marginalisation sociale liée au vieillissement, les lesbiennes âgées subissent également de la discrimination en raison de leur orientation sexuelle (Pacom, 1998).
Cette réalité a pour effet d’alimenter l’invisibilité et l’isolement (qui devient encore plus menaçant avec le vieillissement) des lesbiennes âgées dans la société, et donc à ne pas tenir en compte de la spécificité des besoins de celles-ci. C’est le cas particulièrement dans les centres d’hébergements pour personnes âgées teintés d’homophobie et d’hétérosexisme, ainsi que dans l’ensemble des soins de santé et services sociaux.
Sans compter que peu d’intervenantes et d’intervenants sont formés et outillés pour s’adapter aux spécificités des lesbiennes âgées. Les lesbiennes âgées ont alors tendance à cacher leur orientation sexuelle et par conséquence, elles n’osent pas dévoiler l’existence d’une conjointe ou amante. Il s’agit même, pour certaines d’entre nous, d’un «retour dans le placard».
Ainsi, les lesbiennes âgées se voient séparées de leur conjointe lors de leur entrée au sein du centre d’hébergement, et leurs restrictions au niveau des déplacements physiques limitent les contacts avec celle-ci. Elles perdent donc tout pouvoir sur leur vie (Brotman, 2005). Les lesbiennes âgées ont également le réflexe de ne pas dévoiler leur orientation sexuelle à leur médecin ou à ne pas consulter lors de difficultés d’ordre physique ou psychosocial (RQASF, 2003). Ce qui parfois, mène à des maladies non traitées ou à des diagnostics émis sans tenir compte de l’orientation sexuelle de la femme rencontrée. Or, l’orientation sexuelle est parfois un facteur important à prendre en considération avant d’émettre un diagnostic (Knochel & Quam, 2010).
Dans le cas où les lesbiennes âgées assument leur orientation sexuelle au sein de leur milieu familial, cela peut engendrer des tensions pouvant parfois mener jusqu’à une rupture définitive des liens. De plus, le peu de services et d’activités sociales étant dédiés aux lesbiennes âgées sont peu fréquentés par celles-ci, en ce qu’elles craignent les représailles (Pacom, 1998). Ainsi, la stigmatisation exercée à l’endroit des lesbiennes âgées et la peur de celles-ci d’être identifiées comme étant lesbienne alimentent encore plus leur l’isolement.
- Impacts physiques du vieillissement chez les lesbiennes
Parce que les lesbiennes s’avèrent plus critiques par rapport aux normes corporelles établies dans la société, elles se voient moins affectées par les changements physiques qu’engendre le vieillissement (Chamberland, 2010).
Les études démontrent que les lesbiennes atteignant l’âge d’or sont davantage à risque devant différents problèmes de santé, tels que l’obésité, des problèmes de santé cardiovasculaires, le cancer du sein et les conséquences physiques qu’engendre les dépendances (Knochel & Quam, 2010).
Malgré tout, mentionnons que les différents obstacles issus de notre orientation sexuelle (tels que la lesbophobie, l’hétérosexisme, le rejet des pairs, etc.) nous ont muni d’une certaine forme de résilience, nous permettant alors de faire face aux difficultés associées au vieillissement. D’ailleurs, l’expérience et la maturité donnent lieu à des choix relationnels judicieux et basés sur du long terme, et ce, que ce soit au niveau du réseau social ou au niveau amoureux (Chamberland, 2002).
3- Ressources
La Trame
La Trame est un regroupement offrant des activités culturelles aux lesbiennes, majoritairement âgées de 40 ans et plus.
Pour plus d’information, vous pouvez visiter le site Internet de la ressource :
4- Liens Internet
- a) Liens en français
Global Action on Aging :
http://www.globalaging.org/elderrights/world/2005/vieugai.htm
Le Crips :
http://www.lecrips.net/L/L1bis/cinquantenaires.htm
Réseau québécois d’action sur la santé des femmes :
http://rqasf.qc.ca/files/resume_SL.pdf
Fédération des femmes du Québec (publiant un article rédigé par Line Chamberland et Marie-Pier Petit) :
- b) Liens en anglais
Academia.edu :
Equal-jus :
http://archive.equal-jus.eu/1059/
Sage :
http://sageatl.org/docs/healthsocialneeds.pdf
4- Livres & Articles
Kelly Knochel & Jean K. Quam (2010). «Who will care for me?» : Old age in lesbian communities. Dans Suzanne L. Dibble et Patricia A. Robertson (dir.) Lesbian Health 101 : A Clinician’s Guide (p. 537-553). États-Unis, Californie : UCSF Nursing Press, University of California.
Line Chamberland (2002). Le sexe sur le bout de la langue. Dans Colloque international d’études lesbiennes. (No3, p. 123-139). France, Toulouse : Bangdam Espace édition .